C’est dans un café de Munich que nous a donné rendez-vous le technicien catalan. L’homme est plutôt discret, il tente de fuir les regards. Pep est une star en Bavière. À peine a-t-il franchi l’entrée du café que quelques supporters lui demandent une photo. Nous lui faisons signe afin qu’il puisse nous rejoindre. Pep s’assoit à notre table, l’entretien peut commencer.
Buenas días Pep, ou bien plutôt guten Tag !
(Il rigole) Guten Tag, c’est un très grand honneur d’avoir affaire à des journalistes algériens.
C’est nous qui sommes honorés, merci d’avoir accepté notre interview. Comment allez-vous ?
Très bien, merci. Je reviens de l’entraînement.
Votre équipe écrase la Bundesliga cette saison. Le Bayern de Pep Guardiola est-il meilleur que celui de Jupp Heynckes ?
Meilleur, non, je ne pense pas. L’équipe profite du superbe travail effectué par mon prédécesseur. Le Bayern est une machine à gagner.
En 2012, vous aviez surpris suite à votre départ du Barça. En 2013 vous revenez avec le Bayern. Pep est-il un entraîneur voyageur ?
J’ai tout gagné avec le Barça. J’y ai laissé une des meilleurs équipes du monde. J’avais besoin de repos, avant de me lancer un nouveau challenge.
À ce moment de l’interview, un homme s’approche de notre table. Il tient un appareil photo dans sa main. Pep s’apprête à poser à ses côtés, mais l’homme se dirige vers nous, il s’agissait en fait d’un algérien résidant en Allemagne nous ayant reconnu, et souhaitant immortaliser ce moment.
Y a-t-il une chance de vous voir aux commandes d’une sélection nationale un jour ?
J’ai reçu une offre du Qatar en 2012 à laquelle je n’ai pas donné suite. Je ne suis pas un mercenaire, j’ai envie de gagner des titres !
L’Algérie ?
Pourquoi pas ! En sélection nationale, vous avez déjà un grand entraîneur. Mais coacher un grand club tel que la JSK ou le Mouloudia, ce serait un vrai plaisir ! L’Algérie est un véritable vivier de talents.
Que pensez-vous du niveau de la Ligue 1 Nedjma ?
Le championnat algérien a beaucoup de détracteurs. Ces gens-là ont tort. Certes, les infrastructures sont vétustes et les terrains de mauvaise qualité, mais le jeu proposé par les équipes est assez plaisant. Il m’arrive souvent de zapper sur Canal Algérie les vendredis après-midi pour regarder quelques matchs du championnat national. Les ambiances dans les stades algériens sont folles, et elles n’ont rien à envier à ce que l’on peut voir en Allemagne.
Quels joueurs algériens vous font forte impression ?
Il y en a plusieurs. En Europe, je suis bluffé par Brahimi de Granada, je crois qu’en termes de dribbles réussis il est devant Messi en Liga. Et dans le championnat local, Hachoud m’impressionne. Ses coup francs sont d’une précision chirurgicale, on croirait voir Juninho.
Récemment, le Bayern a testé un nouveau système en 3-5-2 lors d’un match amical. D’où vous est venue cette idée ?
Eh bien, vous n’allez sans doute pas le croire (effectivement nous ne l’avons pas cru), mais cette idée ne date pas d’hier. J’avais déjà adopté ce système au Barça pendant quelques matchs. C’est en regardant les matchs de l’Équipe Nationale durant les éliminatoires de la Coupe du Monde 2010 que la stratégie de Rabah Saâdane m’a inspirée. Cette qualification héroïque n’est pas le fruit du hasard ou de la chance, c’est uniquement grâce ce schéma tactique que l’Algérie s’est qualifiée. La preuve, durant la Coupe du Monde, elle a évolué dans un 4-4-2 classique, avec les résultats que l’on connait.
Avant de conclure, avez-vous un mot à adresser aux supporters algériens ?
J’espère que l’Équipe Nationale fera un beau parcours en Coupe du Monde. En tout cas, vous avez les armes pour. Bon courage !
Bon courage à vous également pour la suite de la saison
Merci, ce fut un plaisir. J’espère que notre prochaine interview se fera en Algérie !