La scène avait marqué les esprits : un journaliste qui pose une question anodine en conférence de presse, un sélectionneur qui pète les plombs dans la foulée, un joueur qui ne sait plus où se cacher … la recette parfaite pour un « bad buzz » qui a fait le tour du web, jusqu’à en devenir un mème.
Cela fait un mois donc qu’une violente altercation a eu lieu entre Maamar Djebbour, journaliste de la Chaîne 3, la radio francophone nationale, et le sélectionneur des Verts Rabah Madjer, ce dernier accusant Djebbour d’être « l’ennemi de l’Équipe Nationale », l’invitant à plusieurs reprises de « prendre sa retraite » et de « laisser sa place aux jeunes », avant de lui infliger un sanglant « TAISEZ-VOUS ! » que ne renierait pas Alain Finkielkraut.
Nous n’avions quasiment pas eu de nouvelles de Maamar Djebbour, journaliste de la Chaîne 3, depuis cette empoignade. Et pour cause : celui-ci s’est alors muré dans un silence assourdissant, prenant au pied de la lettre l’ordre donné par Madjer.
Nous l’avons rencontré dans un café à Alger, où il a pu littéralement s’exprimer pour la première fois depuis ce fameux Algérie – Afrique du centre, comme il nous l’explique, après un long raclement de gorge :
« J’ai fait la grève de la parole. Puisqu’on ne veut pas me laisser parler, eh bien j’ai décidé de me taire ».
Une décision assez étrange, mais respectable. Alors pourquoi avoir mis fin à ce boycott de la parole ?
« Vous savez, c’est comme le jeu du roi du silence, au bout d’un moment, il faut savoir s’arrêter. En tant qu’animateur radio, j’avais besoin de ma voix pour travailler, c’est tout à fait logique » avance-t-il. « Radio Algérie ne me payait plus depuis un mois, j’avais besoin d’argent pour continuer à vivre. Et puis de toute manière, je prendrai ma retraite à la fin de l’année, donc je profite une dernière fois de mes collègues avant de laisser ma place aux jeunes ».